L’histoire de COSMOSS est traversée d’un bout à l’autre par des personnes dévouées, qui se sont données corps et âme pour le bien-être de nos enfants. Dans le cadre de notre 20e anniversaire, quatre d’entre elles ont accepté d’agir comme ambassadrices.
Aujourd’hui, nous diffusons le premier d’une série de quatre portraits, au cours desquels elles ont pu nous raconter leur parcours, les raisons de leur engagement, leurs rêves pour la jeunesse bas-laurentienne.
Sonia Julien, aujourd’hui retraité
Jusqu'en juillet 20024, Sonia était directrice de l’adaptation scolaire et des services éducatifs complémentaires au Centre de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs
Sonia JulienAvant d’arriver dans le Bas-Saint-Laurent en 1997, j’étais enseignante. Très jeune comme enseignante de piano affiliée à l’Université Laval. Petite anecdote, à 6 ans, je suis allée m’inscrire par moi-même à des cours de piano ! À la suite d’une expérience difficile avec ma grande sœur de 14 ans mon ainée, mes parents n’étaient pas d’accord. Mais moi, j’étais décidée, j’ai donc demandé à une grande fille de mon quartier, qui suivait des cours, de m’amener chez Mme Adrienne et ça été le début d’une belle aventure musicale qui s’est poursuivi de très longues années. Je pense que ça montre un peu ma personnalité! C’est la musique qui m’a transportée à travers ma vie, parce qu’en dehors de la musique, je suis hyper rationnelle et cartésienne. Aujourd’hui j’en fais moins, mais je compte bien m’y remettre à ma retraite qui arrive dans quelques semaines; déjà fait au moment de lire ces lignes !
Finalement, j’ai décidé de continuer mes études en enseignement, ce qui a été ma mission jusqu’à ce que j’arrive ici dans le Bas-Saint-Laurent en 1997, comme direction adjointe d’une école secondaire. Par la suite, j’ai assumé des postes de gestion : 17 ans comme direction d’école primaire et secondaire, puis comme directrice de l’adaptation scolaire et des services éducatifs complémentaires depuis 2015. À travers tout ça, la mission que je me suis donnée, c’est d’aider nos enfants à devenir les citoyens de demain, qu’ils fassent de bons choix, qu’ils soient heureux, qu’on les équipe pour qu’ils puissent faire face à cette belle vie qui comporte plusieurs défis. En fin de compte, je crois vraiment que l’école, c’est surtout un prétexte pour apprendre à vivre en société et développer son jugement.
L’école, c’est aussi la porte obligatoire et nécessaire - par la loi -, mais parfois dans le milieu de l’éducation, on adopte une attitude, un comportement, un accueil… professionnel, bien sûr, mais sans suffisamment reconnaître que les parents sont ceux qui connaissent le mieux leur enfant. Peu importe le parent qui est devant nous, c’est lui qui nous apprend le plus sur son enfant, et c’est à partir de ces données qu’on doit travailler.
D’ailleurs, dès ma première année de direction adjointe, j’ai vécu une expérience qui m’a marquée. J’étais la seule femme dans une équipe de cinq directions, et le bureau de direction était juste à côté de la salle de conférence où on avait nos rencontres de gestion. Et un jour, arrive un parent en colère dans le bureau du directeur, alors il sort, il lui parle, ça brasse et on entend tout ça. Et moi, du haut de mes 32 ans, j’étais assez impressionnée, je lui dis : « ouais, il était fâché le monsieur! ». Et le directeur de me répondre : « Sache que quand un parent, un enseignant ou un membre du personnel ou même un élève se présente fâché dans ton bureau, c’est à toi de saisir la racine de sa colère, de traduire ses préoccupations et de comprendre comment l’aider. Et s’il vient te voir, c’est qu’il a confiance que tu peux faire quelque chose, sinon il ne prendrait pas la peine de se déplacer. » C’est une leçon que j’ai vraiment intégrée. Les parents, ce sont des experts de leur enfant et il faut les traiter comme tels. Pour le personnel, il s’agit d’une démarche courageuse qu’il faut saisir comme opportunité et pour l’élève, ça traduit un malaise, un malentendu, une injustice. À la limite, il s’agit d’une grande marque de confiance !
Pour ce qui est de l’avenir des jeunes, j’ai pleine confiance en eux et je l’ai toujours eue. Le développement d’un jeune demeure fondamentalement le même au fil des décennies; il aura toujours besoin de vivre des expériences significatives qui vont lui permettre de grandir, tout au long de son parcours. Plus les règles sont strictes, plus elles étouffent, plus l’humain va trouver des chemins alternatifs pour forger sa personnalité et s’affirmer.
C’est sûr qu’il y a encore de la misère au Bas-Saint-Laurent, des milieux difficiles, mais la communauté se préoccupe tellement du bien-être de ses jeunes que je peux seulement être remplie d’espoir. C’est vraiment une région particulière avec la Démarche COSMOSS notamment : on se parle, on trouve des solutions, on essaie de travailler de manière proximale, pour se soutenir et surtout, pour coordonner nos interventions de manière complémentaire. Les jeunes le sentent, ils savent qu’ils ont un filet de sécurité. Savoir ça, ça donne aussi une bonne dose du courage nécessaire pour s’affirmer. Une posture d’apprenant pour leur vie, c’est ce que je leur souhaite !